Réflexion

J’ai lu pour la première fois Chimamanda Ngozi Adichie

Comme tout citoyen vivant en France, lors de l’annonce du deuxième confinement en novembre 2020, il fallait effectuer ses provisions pour vivre sereinement cette saison 2. Pendant que les uns et les autres se focalisaient sur les denrées alimentaires ou les papiers toilettes (si vous n’avez pas suivi cet épisode, c’est par ici), j’ai opté pour les livres. Après le travail, j’ai couru en direction de la librairie Présence africaine 30 minutes avant la fermeture, pour me ravitailler. J’ai choisi cette librairie car elle répondait à mon besoin qui était de trouver un endroit qui regroupent les écrits des auteurs africains. J’avais la liste des auteurs qu’il me fallait absolument. Chimamanda faisait partie des élus.

Comment ai-je connu cette autrice ? A vrai dire je n’en ai aucune idée. Je n’arrive pas à me souvenir quand est-ce que j’ai entendu son nom pour la première fois. Je pense que c’est grâce à Beyoncé à travers sa chanson Flawless en 2014. Dans cette chanson, elle utilise un discours de Chimamanda sur le féminisme qui dure environ une minute (1:25-2:20). Mais je n’avais pas encore conscience de qui elle était. J’ai en quelque sorte renoué les liens avec cette femme de lettre de renom lors de son passage dans The daily show en 2018. J’ai été subjuguée par l’intelligence et la pertinence de ses propos. J’ai beaucoup apprécié les arguments qu’elle choisissait pour défendre ses positions. J’ai eu un coup de foudre à cet instant pour le personnage. Elle faisait désormais partie de la liste des auteurs que je devais absolument lire au moins une fois dans ma vie avant de quitter cette terre.

Je me suis procurée deux de ses livres : L’hibiscus pourpre, l’un de ses romans les plus populaires, ainsi que cette petite œuvre qui comprend deux de ses essais : Nous sommes tous des féministes suivi de Le danger de l’histoire unique. J’ai commencé par la deuxième œuvre car elle est très courte. Je me suis dit que c’était un bon moyen de faire une première connaissance avec les écrits de l’autrice. Je me réserve L’hibiscus pourpre pour plus tard. Ces deux essais se lisent très facilement. Les histoires qu’elle utilise pour étayer ses réflexions sont tellement simples et pragmatiques. Elle a le pouvoir de captiver toute notre énergie et de la dédier uniquement à ce qu’elle raconte.

J’ai beaucoup aimé comment est-ce qu’elle présentait ses deux sujets et la dimension d’une femme nigériane et africaine qu’elle y apportait qui est inévitablement relié à son vécu. Dans les deux textes, je comprenais et visualisais parfaitement ses exemples parce que ce sont des situations que j’avais déjà vues se produire en Côte d’Ivoire ou que j’avais déjà vécu. Par exemple dans “Nous sommes tous des féministes”, le passage sur ces jeunes qui vous aident à stationner vos véhicules en faisant des grands gestes pour vous orienter m’a fait sourire car ce genre de scènes se produisent également en Côte d’Ivoire. Je saisissais donc les similitudes qu’ils pouvaient avoir entre le Nigeria et la Côte d’Ivoire.

Au-delà de ces petits exemples, elle apporte une réflexion différente sur le féminisme. Dans son texte, je prends conscience que le féminisme dans chaque pays se matérialise différemment. Même si le but ultime pour chaque femme est d’accéder à une égalité des genres et aux respects de leur droit, les combats ne sont pas les mêmes. En France, un élément du combat féministe que j’entends beaucoup est l’inégalité des salaires. Au Nigeria, une femme peut se retrouver à vendre sa maison afin de ne pas “effrayer” les hommes. Le poids des inégalités hommes femmes existe partout mais avec ses spécificités.

Le texte “Le danger de l’histoire unique”, coïncidait avec mon introspection sur mes connaissances du continent africain. Je m’étais rendue compte que je n’avais qu’une source d’information qui parlait du continent. C’était sous le prisme de l’occident. C’est ainsi que j’ai décidé de lire les auteurs africains afin de découvrir autrement le continent, notamment les histoires de pays peu médiatisés. Cet essai coïncidait également avec la première partie du dernier épisode du podcast de C. Befoune, E12: Motivation et discipline. Nous sommes façonnés par le contenu que nous consommons. Il nous revient la lourde tâche de nous questionner sur nos connaissances, les sources de celles-ci et apprendre à les diversifier afin d’éviter d’avoir une vision étroite du monde. 

J’ai enfin lu un ouvrage de Chimamanda. C’est une autrice vraiment talentueuse à l’écriture simple, fluide sur des sujets de réflexion importants dans notre développement personnel et la vision qu’on a du monde. C’est le début d’une grande histoire d’amour avec ses écrits.

Image vitrine de l’article : La page d’accueil du site officiel de Chimamanda

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